jeudi 16 juin 2011

marine

deux paires de jambes courtes
sautillantes au delà de la ligne des marées,
je sens bruisser au loin un moteur qui revient du large.
seront-ils seuls?
je n'en suis pas certain.
la lune se couche
il y comme une ouate lumineuse qui l'entoure
elle est comme irisée.
des cris sur les bateaux.
la terre est douce et verte .
je m'assois dessus un instant pour regarder passer les pécheurs dans leur bateau chromé qui rentre au port.
je joue avec une lame et mon regard fixant
l'huile du canal
des sons d'éclaboussures me parviennent dans une vague rose et chaude.
"ils jettent des corps" me dis je
des morts se mettent à hululer
les douves du château de la corniche débordent de fiente
je me sens au chaud.
le feu couve sous la ligne d'horizon bientôt
les flammes se lèveront et le bateau lèvera aussi.
de l'huile dans la bouche je crache en me levant.
un cadavre souriant, qui tourne sur lui même en coulant accroche mon œil,
"c'est l'heure" que je lui dit
concert dans une année lumière ondulée.
trop fort trop fort
je ne suis pas un pécheur
je ne suis pas un cadavre.